Une jeune fille aveugle habite avec sa mère et sa tante dans une auberge. Elle aime s’asseoir dehors sur un banc, de l’autre côté de la rue. Un jour, un soldat africain s’assoit près d’elle. L’homme lui parle de son pays, de sa femme et de son fils. La jeune fille, quant à elle, évoque son père parti pour le front. Mais un jour, le soldat ne vient plus. La jeune fille part alors à sa recherche…
La jeune fille et le soldat est l’histoire de deux êtres dont les chemins se croisent dans des circonstances tragiques. À une époque où la folie s’empare des hommes et les précipite dans l’horreur. Le soldat africain a tout quitté pour rejoindre un enfer qu’il n’a pas choisi, loin des siens et de chez lui. De plus, la couleur de sa peau suscite la crainte et le rejet. Seule la jeune fille, qui vit dans l’obscurité et dans la peur de ne plus revoir son père, ose lui parler. Ces deux solitudes se reconnaissent et s’apprivoisent au fur et à mesure de leurs discussions. Une amitié empreinte de tendresse s’installe bientôt entre eux.
Le récit, tout en retenue et en sobriété, développe deux points de vue en alternance. C’est une ode à la différence et à la fraternité. Il parle aussi de la première guerre mondiale en évoquant un fait peu connu, celui des soldats africains venus combattre en Europe pour défendre une cause qui ne les concernait pas. La gravité du propos est adoucie par des moments de poésie et d’humanité qui font jaillir la lumière au milieu des ténèbres.
Traducteur : Maurice Lomré
Illustrations: Ann De Bode
Âge : À partir de 11 ans
Edition La Joie de Lire
Critiques:
Une amitié improbable pendant la première guerre mondiale : La jeune fille et le soldat – Aline Sax
Une jeunes fille aveugle a pour habitude de prendre le soleil sur un banc en face de l’auberge de sa mère. Un jour, elle sent une présence étrangère. Un soldat prend lui aussi le soleil. Au fil du temps, ces deux individus vont s’apprivoiser et lier une amitié, rythmée par les récit du soldat africain sur son pays.
Ce titre, présent dans mon office de septembre m’a attiré par sa jolie couverture et son format. Il est en effet très court et agrémenté d’illustrations. Je l’avais aussi sélectionné pour la rentrée littéraire du web puisqu’il est publié chez la joie de lire, un éditeur dont on entend peu parler sur la blogosphère.
Ce roman traite d’un sujet sombre, la première guerre mondiale. Il est plutôt atypique puisque les personnages n’ont pas de nom. Pourtant, la construction du récit créée une identification presque systématique, tant avec le soldat qu’avec la jeune fille. En effet, les points de vues interne des deux personnages sont alternés, manifestés par une astucieuse utilisation de couleur. Si cette alternance peut sembler un peu redondante au début, on se rend très vite compte qu’elle apporte énormément de richesse au récit, surtout lorsque l’intrigue se met en place. Cette dernière nous plonge au cœur des horreurs de la guerre. Des horreur d’autant plus mises en avant qu’elles sont aussi décrites par le regard innocent de la jeune fille. Le racisme et la déshumanisation des soldats noirs se battant pour la France est aussi donné à voir. Des injustices là encore soulignées par l’ouverture d’esprit et la sagesse de la jeune fille. L’amitié solide nouée par les deux personnages est très touchante par sa pureté mais aussi grâce au courage de la jeune fille, qui va malgré son handicap, se lancer à la recherche de son ami jusqu’au front. Elle va ainsi prouver que sa cécité n’est pas une fatalité et qu’elle lui permet à contrario de percevoir le monde d’une façon complètement différente, en dehors du paraître. Ce court roman soulève donc un multitude de problématique intéressantes surtout dans notre société actuelle, individualiste et très tournée vers le paraître.
Une couverture évocatrice et une plume touchante sont la recette gagnante de ce titre. Une belle histoire d’amitié et de tolérance à découvrir pour reprendre foi en l’humanité.
Ma note : ★★★★★
Un pause livresque book blog, 6 octobre 2017
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La jeune fille et le soldat ✒️✒️✒️✒️
Tout d’abord j’aimerai remercier la maison d’édition La joie de lire pour l’envoie de ce roman La jeune fille et le soldat ainsi que de Un détective très très spécial que j’aborderai dans quelques jours.
Ce roman a tout d’un livre pour enfant. La couverture, très jolie, tout en retenue, en noire, blanche et rouge. Le titre simple au premier abord La jeune fille et le soldat mais plus riche de sens qu’on ne le pense. Le résumé assez naïf: une jeune demoiselle rencontre, durant la seconde guerre mondial, un tirailleur sur un banc en face de chez elle. Ils font connaissances et deviennent peu à peu amis à travers les histoires de son pays. De plus, quelques jolies illustrations parsèment ce bouquin.
Mais se fier à cette apparence, penser que ce roman n’est pas pour vous est une grave erreur. C’est le genre de livre que les plus jeunes comme les moins jeunes peuvent apprécier, certes différemment mais d’une intensité parfois comparable. La douceur qu’il dégage, les personnages très attachants malgré leur absence de prénom. Plusieurs niveaux de lecture pour ce détail ! Mais aussi la morale présentée, la franchise de l’auteure qui, sans rien cacher de la guerre, de la discrimination ( malgré des mots très très durs prononcés par certains personnages) réussit à en faire un livre pour enfant! Rien que le changement de couleur de fond de page, en fait passer des messages que seuls les plus grands comprendront peut être!
C’est pourquoi je conseille ce roman à tous ceux qui aiment lire, à tous ceux suffisamment sensibles pour être émus par un roman de ce type, sans fioriture, mais tellement profond, qui exacerbe ce sentiment d’inutilité, de gâchis qu’est la guerre ! Une vrai ode à l’enfance et à la paix !
Carnet de Bord Litteraire, 12 septembre 2017
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